Press Review


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Oct 25 2020

[OW2 LemonLDAP::NG] Lille met en place l'authentification unique

Retour d’expérience de Lille Métropole sur la mise en place de l’authentification unique avec LemonLDAP::NG. 

La métropole de Lille a fait le choix de deux logiciels de la base de code OW2 (LemonLDAP::NG, couplé à d’autres composants libres comme Fusion Directory), pour son système d’authentification unique (SSO). Worteks, membre OW2, a accompagné la collectivité dans ce projet, ce qui a permis de développer de nouvelles fonctionnalités et de les reverser directement dans le logiciel.

Retrouvez ce témoignage dans un article, publié dans la revue IT for Business en octobre 2020.

Après avoir implémenté le logiciel d'authentification unique LemonLDAP::NG pour ses agents la métropole européenne de Lille compte l'utiliser au service des 95 communes du territoire, puis pour tous les citoyens.

Lire l'article complet.

Feb 03 2020

L'Open Source est-il, même un peu, teinté d'Orange ?

Le mensuel L'Informaticien consacre cinq pleines pages à l'Open Source et aux outils DevOps dans son numéro 184 daté de février 2020.

Orange est un acteur incontournable de l'Open Source et l'initiative OW2 n'y est pas pour peu. Allons-y pour un petit tour de l'OS chez le cablo-opérateur historique.

  • Les projets d'Orange hébergés par OW2
  • Open Source Summit Paris
  • L'initiative Accessibilité Open Source
  • La maturité des logiciels open source en vedette à la conférence annuelle OW2con'19
  • Cozy Cloud : deux applications Orange réutilisables par les développeurs
  • La 5G s'expérimente en open source
  • Autres projets "dans les tuyaux"

Auteur : Thierry Thaureaux

Jun 20 2019

OW2con’19 confirme la maturité industrielle de l’open source

La communauté libre OW2 accompagne de nombreux projets innovants européens. Elle signale les coopérations autour de codes ouverts comme une clé incontournable pour l’industrie et les services IT.

Les 12 et 13 juin derniers, au centre d’innovations d’Orange à Châtillon, la communauté open source OW2 a réuni plus de 300 décideurs et développeurs de 13 nationalités distinctes. L’occasion de confirmer les avancées concrètes des membres et projets de l’association, et son rôle croissant dans la recherche européenne, via les projets Horizon 2020 notamment.

L’open source atteint sa maturité industrielle dans les réseaux numériques, le développement d’applications, l’IoT et les systèmes d’exploitation. Les acquisitions de GitHub par Microsoft (7,5 milliards de dollars) et de Red Hat par IBM (34 milliards de dollars) l’ont montré récemment. On pourrait croire l’Europe à la remorque du continent Américain. Il n’en est rien, rétorque Christian Paterson, responsable de la gouvernance open source chez l’opérateur Orange, l’un des co-fondateurs d’OW2 : « A une période où les pays se recentrent sur eux-mêmes, l’open source rapproche les développeurs européens. Les talents coopèrent sans frontière. La conférence OW2con’19 réunit plus de 300 professionnels enclins à partager leurs expériences. Que ce soient dans les services cloud, les objets connectés, les chatbots ou l’IA, les projets sont pilotés par l’open source dorénavant.
Intervenant pour TDF (The Document Foundation), Simon Phipps évalue à 200 millions le nombre d’utilisateurs de la suite LibreOffice soutenue par 300 développeurs open source.

Trois projets primés

En reconnaissance pour leurs efforts communautaires, leur faculté d’innovation ou leur percée sur le marché, trois projets OW2 sont mis à l’honneur cette année : il s’agit de l’environnement de travail numérique XWiki, une solution de partage de connaissances, de documents et de processus conçue pour les environnements répartis. ProActive accélère l’industrialisation du Machine Learning tout en réduisant le coût des projets d’IA. Enfin, Clif se distingue par ses tests de performances réseaux, évaluant en quelques jours seulement l’impact de 3 millions de foyers potentiellement connectés à l’infrastructure Internet d’Orange.

Une soixantaine de présentations et neuf sessions en petits groupes permettent d’approfondir ses connaissances sur la base de code OW2 ou sur les projets des partenaires de l’association. 

Tout en rappelant qu’il existe plusieurs degrés d’ouverture, les équipementiers télécoms, prestataires cloud et opérateurs font le point sur la conformité open source des produits et des services mis à jour au fil de l’eau. Karsten Reincke (Deutsche Telekom), Konrad Wawruch (7bulls), Jonne Soininen (Nokia), Gunnar Nilsson (Ericsson) et Oliver Fendt (Siemens) échangent sur la gouvernance open source et la maturité de l’industrie open source lors d’une table ronde très suivie.

Gérer les risques et la complexité

« Pourquoi faisons-nous de l’open source ? On y voit des bénéfices pour éviter le verrouillage fournisseurs. On gagne des développements plus rapides autour de standards avec la co-innovation. On apprend beaucoup d’autrui et on réutilise les innovations d’autres acteurs de l’industrie. OpenStack, linux ou Kubernetes ne pourraient pas être pilotés par une petite équipe software. L’open source est un passage obligé. Avec une communauté vibrante derrière, c’est plus sûr », explique Jonne Soininen.

La conférence annuelle d’OW2 donne un aperçu de la recherche open source européenne avec les projets Aegis, Crossminer, Decoder, Fasten, Melodic, ReachOut, Stamp, des projets de recherche délivrant souvent des outils ouverts et exploitables par les DSI d’entreprise.

Aomar Bariz, Information Governance Technical Leader d’IBM souligne la percée rapide de la plateforme d’orchestration de conteneurs Kubernetes, à présent projet CNCF (Cloud Native Computing Foundation) ainsi que l’émergence du projet Tekton, un framework open source complémentaire pour créer des systèmes d’intégration et de déploiement continus. Néanmoins, il signale que les entreprises sont désorientées face aux nombreuses technologies à intégrer dont la blockchain, l’IA et les composants d’infrastructure. « L’acquisition de Red Hat par IBM en novembre 2018 forme une bonne nouvelle pour les communautés. Red Hat continuera à être indépendante. IBM lui procure davantage de ressources humaines et sa faculté à packager les solutions d’entreprise ; la complexité vient de trop nombreux composants open source venus d’un peu partout. Notre but consiste à intégrer ces outils en solutions d’entreprise, dans un contexte où les licences de logiciels évoluent. »

Jun 07 2018

OW2Con : AI et gouvernance open source, deux initiatives sur la feuille de route du consortium

Publication: Le MagIT

Date de l'article: 7 juin 2018

Auteur: Cyrille Chausson

Extrait: "Le consortium open source souhaite réunir sa communauté autour des thématiques de l’AI et de la gouvernance open source afin d’identifier les outils, les plateformes et les besoins. OW2 compte travailler à une offre industrielle en matière de plateforme AI".

Lire l'article entier sur Le MagIT

May 23 2018

La protection du droit d’auteur ne doit pas entraver la circulation des logiciels

  • Publication: Le Monde
  • Date: 23/05/2018
  • Par:

    Serge Abiteboul, informaticien, Inria et ENS Paris, Académie des sciences ;

    Pierre Baudracco
    , président du programme des Paris Open Source Summit 2017 et 2018 ; 

Laurent Baudart, délégué général de Syntec Numérique


Roberto Di Cosmo, directeur de Software Heritage, professeur d’informatique, Inria et université Paris-Diderot ;

Stéfane Fermigier
, coprésident du Conseil national du logiciel libre (CNLL) ; 

Philippe Montargès, coprésident
du CNLL ; 

Pierre Paradinas, président de la Société informatique de France, professeur au CNAM ;

Emmanuelle Roux
, directrice associée de SC21 et de LeChaudron.io ;
Cedric Thomas, directeur général d’OW2. 

Des informaticiens s’inquiètent des dangers du projet européen de réforme du droit d’auteur présenté à Bruxelles. Il constitue, selon eux, une menace pour les processus actuels de production « open source ».

Les logiciels sont partout. Vous les utilisez au quotidien pour com­muniquer, travailler et vous divertir. Ils sont essentiels pour la ges­tion de nos entreprises, la recherche avancée, la création et la diffusion des connaissances et des arts. Nos indus­ tries, notre société, notre culture, voire nos propres vies dépendent des logi­ciels, qui font aujourd’hui partie inté­grante du patrimoine de l’humanité. 

Mais ces logiciels, véritable moteur de la transformation numérique, ne tom­bent pas du ciel : ils sont développés par des êtres humains qui les écrivent dans une forme qu’on appelle le code source, en utilisant des langages de program­mation. Nous, qui développons ces logiciels, sommes donc bien des auteurs : les codes sources des logiciels que nous créons sont couverts par le même droit d’auteur qui protège la musique, les livres ou les films. 

Par conséquent, les dispositions rela­tives au droit d’auteur nous concernent en premier lieu, et nous sommes très inquiets des propositions contenues dans le projet de directive européenne réformant le droit d’auteur actuelle­ ment examiné par le Parlement euro­péen et le Conseil.
En particulier, l’article 13 de ce projet de directive introduit l’obligation, pour toute plate­forme permettant de parta­ger des contenus, de mettre en place des filtres automatiques, du style de ceux qui bloquent sur YouTube les vidéos qui réutilisent des contenus protégés – l’objectif affirmé étant de prévenir la diffusion d’œuvres sans l’autorisation des auteurs, et de garan­tir ainsi leur rémunération. 

Dans la continuité de la lettre ouverte au Conseil du 26 avril rassemblant 147 organisations européennes, que nous avons soutenues, nous souhai­tons aujourd’hui alerter les députés européens et les représentants des Etats membres sur les menaces spécifi­ques que ce projet de texte fait peser di­rectement sur le logiciel libre et, par son biais, sur toute l’industrie du logiciel. 

Aujourd’hui, la plupart des logiciels sont construits en réutilisant des com­ posants préexistants, développés et distribués sur des plates­-formes ouver­tes de développement collaboratif. Tout comme Linux, qui est au cœur de plus de 80% des téléphones portables, il y a des millions de logiciels construits par des auteurs qui ont choisi d’en faire des logiciels libres, ce qui veut dire que tout le monde peut lire, étudier, modi­fier, faire modifier et redistribuer leurs codes sources, sans restriction ni auto­risation particulière. 


Imposer des filtres automatiques aurait des impacts majeurs sur l'innovation de nos industries

 

On estime que 80% à 90% d’une application informatique moderne sont issus de cette réutilisation, et la suppression de chacun de ces compo­sants peut avoir des conséquences imprévisibles : on a pu le constater quand, en 2016, la disparition de onze lignes de code source a cassé des mil­lions de sites Web. 

Imposer des filtres automatiques sur ces plates-­formes ouvertes de développement collabora­ tif reviendrait donc à menacer les pro­cessus actuels de production de ces logiciels, et aurait des impacts majeurs sur l’innovation de nos industries et la compétitivité de nos économies. 

Le logiciel libre, également appelé open source, est en effet un socle tech­nologique indispensable qui permet de développer plus rapidement la plupart des logiciels dont a besoin notre société. Et il est aussi une filière écono­mique dynamique, qui représente aujourd’hui en France un chiffre d’af­faires de 4,5 milliards d’euros, avec plus de 500 entreprises et 50 000 emplois. 

Si nous comprenons l’inquiétude de certains acteurs de l’industrie culturelle qui se sentent démunis face aux chan­gements apportés par la révolution numérique, il convient de rappeler que le droit d’auteur concerne tout autant les auteurs de logiciels que les acteurs de l’industrie culturelle. 

Cette réforme doit donc être élaborée en concertation avec tous ces acteurs concernés par le droit d’auteur, et non uniquement ceux de l’industrie culturelle.
Nous tenons donc à alerter sur les menaces que l’actuel projet de directive comporte pour les acteurs du logiciel, et par là même pour la société tout entière : cela va des freins au développe­ment de nouvelles technologies, à cause du blocage dans l’accès au text and data mining (art. 3), aux entraves gra­ves au développement collaboratif et à la réutilisation des logiciels que nous avons analysées ici en détail (art. 13). 

Une exclusion totale des logiciels des dispositions de l’article 13 et la levée de toute restriction sur le text and data mining (art. 3) nous apparaissent nécessaires pour ne pas créer d’effets collatéraux majeurs avec cette réforme, pensée avant tout pour les acteurs de l’industrie culturelle.

Jan 16 2018

OCCIware : un projet aujourd’hui finalisé qui industrialise le As A Service (french)

Titre de l'article: OCCIware : un projet aujourd’hui finalisé qui industrialise le As A Service

Date: December 14, 2017

Auteur: Cyrille Chausson

Lire l'article entier sur Le MagIT

Extrait: "Après trois années de développement, le projet de OCCIware, qui vise à proposer des capacités unifiées d’administration pour les environnements multi-cloud a livré ses premiers résultats à la fin novembre. Ce projet, emmené par un groupe d’industriels (Smile, Scalair, Linagora, Obeo, ActiveEon, et Open Wide), et de centre de recherches, dont l’Institut Telecom Sud Paris, l’IRISA, le Pôle Numérique, l’Université de Grenoble et I’Inria, sans oublier le consortium OW2, a pour objectif principal d’abaisser les barrières de l’adoption du Cloud en simplifiant ses capacités de configuration et d’administration."

Nov 13 2017

OCCIware simplifie la gestion de systèmes multi-clouds, dcloudnews.eu

Publication: dcloudnews.eu

Date de l'article: 27 novembre 2017

Auteur: Olivier Bouzereau

Extrait: "La plateforme OCCIware procure un environnement logiciel unique pour gérer de façon transparence les infrastructures multi-cloud. Le Studio OCCIware, disponible sur Github, offre un outil de conception visuel permettant, en quelques minutes, de  créer des diagrammes d’architecture multi-cloud, en intégrant les principaux prestataires cloud du marché", 

Jun 18 2017

OW2 est devenue en dix ans l’organisation open source de facto de l’UE

Cette année 2017 marque le 10ème anniversaire d’OW2 que l’association célèbre à l’occasion de sa conférence annuelle, les 26 et 27 juin à Paris. Cedric Thomas, le CEO d’OW2, précise l’impact de son organisation sur la percée de l’open source en Europe depuis une décennie, et ce qui se prépare pour les années à venir. 

Que représente l’association OW2 en 2017 ?

Cedric_Thomas_POSS.jpgCedric Thomas : OW2 est une association à but non lucratif, fondée en 2007. Elle se consacre au développement de logiciels open source professionnels. Nous sommes très fiers de fêter nos dix ans cette année. OW2 a hérité d’un référentiel de solutions middleware baptisé ObjectWeb, qui était soutenu par l’Inria, l’institut de recherche français en informatique et en automatique, Orange et Bull, qui a été racheté par ATOS depuis. Nous avons lancé OW2 avec la conviction que l’open source est non seulement un excellent moyen de développer des logiciels en mode collaboratif, mais aussi une nouvelle façon de faire des affaires au sein de l’industrie des logiciels.
Sur le plan technique, OW2 se concentre sur des logiciels d'arrière plan c'est à dire ceux qui soutiennent les systèmes d'information et qui demandent beaucoup de technologies plutôt que sur les logiciels qui supportent la relation client et qui déterminent l'avantage compétitif des entreprises. C'est le genre de logiciels qui peuvent être développés par la collaboration entre différentes entreprises, même si elles sont concurrentes. Nous nous focalisons sur les logiciels d'infrastructure pour les applications d'entreprise distribuées. Notre périmètre couvre les plates-formes applicatives et le middleware pour la gestion des processus métiers (BPM), la Business Intelligence, les données massives, le suivi des contenus (CMS), des identités et des accès, le travail collaboratif (wiki, chat) et le cloud computing. Nous accueillons également des projets qui aident à développer et à gérer ces systèmes distribués. Notre base de code contient également des outils et des frameworks de développement, de tests et de simulation de charges applicatives.

Est-il juste de dire qu’OW2 travaille principalement avec des organisations en Europe ?

Cedric Thomas : OW2 a été fondée par des membres du monde entier : Etats-Unis, Brésil, Chine et Europe. Nous sommes une organisation mondiale, nous ne disposons pas de bureaux physiques, nous vivons sur le web, pour ainsi dire, et notre équipe est internationale depuis le début. Nous entretenons des liens étroits avec les communautés open source au Brésil et en Chine, par exemple. Mais, c’est exact, après dix ans, bien que notre stratégie soit mondiale, on peut dire que nous avons surtout décollé en Europe, près des deux tiers des adhésions individuelles de l'an passé viennent d'Europe. OW2 est facilement accessible pour les PME et les projets collaboratifs, et nous sommes régulièrement invités à participer aux projets de R&D financés par des fonds publics, pour lesquels nous disposons d’une expérience réelle. Pour beaucoup, nous sommes devenus l'organisation open source de facto de l’UE.

Quels sont vos défis actuels ?

Cedric Thomas : Il existe de nombreux développeurs open source talentueux en Europe, mais très peu de leaders de l'industrie du logiciel. C'est notre défi principal. L'Europe compte de nombreux contributeurs aux projets open source, des intégrateurs et des utilisateurs très avancés, malgré cela, le leadership de l'industrie du logiciel n'est pas en Europe. Cela influence à la fois les utilisateurs et les fournisseurs de logiciels. Beaucoup d'éditeurs européens développent des logiciels de classe mondiale tout en restant, en fait, des suiveurs du point de vue de cette industrie. Dans les entreprises utilisatrices, de nombreux décideurs sont conservateurs. Ils recherchent une sorte de protection dans les logiciels propriétaires. L'Europe reste un marché fragmenté, et c’est un autre défi. La plupart des PME créant des logiciels libres se concentrent sur leur marché domestique ; elles ne génèrent que 20% environ de leurs recettes à l’étranger. C'est une question de culture, de réseaux professionnels et, bien sûr, de langues parlées. A cause de cette fragmentation, ces PME ont du mal à atteindre une masse critique qui pourrait en faire des leaders de l'industrie.

Quels types d'activités OW2 mène-t’elle hors d’Europe ?

Cedric Thomas : Actuellement, OW2 se focalise surtout sur le Brésil où nous soutenons un nouveau chapitre local, et sur la Chine où nos membres animent un chapitre local et organisent un concours annuel de programmation pour les étudiants. Je sais qu'il existe un potentiel important pour OW2 en Afrique, au Moyen-Orient et en Russie, mais nous n'avons pas encore la bande passante pour nous adresser correctement à ces marchés. Nous enregistrons de nombreux téléchargements en provenance des États-Unis, et c'est la raison pour laquelle nous pensons qu'il est important que OW2 participe à des événements à la fois locaux et mondiaux tels OSCON et OpenStack Summit.

Depuis la création d’OW2, quels ont été les plus grands défis du logiciel libre et des communautés open source ?

Cedric Thomas : En fait, je pense que les dix dernières années ont été plutôt favorables au logiciel libre. Il est maintenant reconnu comme le principal mécanisme d'innovation collaborative. En outre, la prolifération d'organisations à but non lucratif, ou fondations dédiées à des projets ou à des technologies, est une excellente illustration de l'élan fantastique provoqué par l’open source ces dernières années. Plusieurs défis subsistent. Comme je l'ai dit, nous voyons le logiciel libre comme un moteur de l'industrie du logiciel mais cela ne signifie pas que vous pouvez faire ce que vous voulez. Dans cette perspective, je vois deux défis principaux. D'une part, nous devons défendre l'intégrité du modèle open source contre toutes sortes d'opportunistes qui en profitent avec des stratégies commerciales fondées sur les licences Open Core ou d’autres tactiques de verrouillage des utilisateurs. D'autre part, nous devons rendre la création de logiciels open source plus professionnelle et durable économiquement, dans un contexte caractérisé par une multitude de projets open source, encore souvent amateurs et de courte durée.

Comment OW2 s’organise pour relever ces défis ?

Cedric Thomas : Nous abordons ces problèmes via notre gouvernance, d'abord par la sélection des projets soumis à notre base de code, ensuite en les aidant à améliorer leur niveau de qualité. Tout d'abord, notre Conseil Technologique a toujours été très prudent vis à vis des projets acceptés dans la base de code OW2. Dès le début, nous avons exclu les licences opportunistes. Nos projets doivent publier leurs logiciels sous une licence approuvée par l'Open Source Initiative, point final. Le Conseil Technologique veille également à ne pas accepter ce que nous appelons le "crippleware", c'est-à-dire une application inutilisable à moins d'être complétée par du logiciel propriétaire. Il y a cinq ans, nous avons lancé un programme de qualité visant à aider les chefs de projet à mieux gérer leurs projets et à créer de la confiance pour les utilisateurs de logiciels de la base de code OW2. Et l’an passé, nous avons lancé la deuxième génération de notre programme de qualité : le radar Open Source Capability Assessment (OSCAR).

Quelles sont les opportunités à venir de l’open source et comment OW2 compte y prendre part ?

Cedric Thomas : Les logiciels open source se généralisent, et cela provoque toute une série de nouveaux défis pour l'écosystème open source. Les marchés clés d’OW2 pourraient même changer. L’association OW2 est née de l'infrastructure des systèmes d'informations d’entreprise, où le logiciel ne dépend pas du secteur d’activité de l’entreprise - un programme CMS ou un bus ESB fonctionne pratiquement de la même manière qu'il s'agisse d'une banque ou d'un hôpital. Partager et réutiliser ces logiciels dans tous les secteurs apporte une masse critique et permet de faire des économies d'échelle. Mais, en se diffusant très largement, le logiciel libre se développe sur de nouveaux territoires y compris certains où ses avantages ne sont pas si évidents. Par exemple, l'open source doit prouver sa valeur aux décideurs classiques qui sont loin d'être des défenseurs du libre. Actuellement, nous capitalisons sur notre expérience acquise grâce à notre programme de qualité en développant une transposition au marché de l’open source de l'échelle d'évaluation des technologies utilisée par la NASA (les fameux Technology Readiness Levels). Et nous présentons notre méthode, que nous appelons “OW2 Market Readiness Index”, lors de la conférence annuelle OW2con’17, les 26-27 juin à Paris. L'objectif de cet index est d'apporter de la valeur à nos projets ainsi que de la stabilité et de la prévisibilité au décideur open source. Je vois une autre opportunité dans le monde de l’IoT : il est encore assez structuré en silos où le logiciel dépend de matériels et de normes spécifiques à un usage, et où les développements transverses aux différents usages ne sont pas partagés facilement. Je prévois que le monde de l'IoT deviendra, en mûrissant, un marché de plates-formes horizontales. Cela ouvrira de multiples opportunités à une organisation comme OW2.

Jul 11 2016

Le big data open-source est un pilier de l'innovation et de la démocratie

Pourquoi un tel succès du logiciel libre dans le domaine des big data ? Quels en sont les enjeux pour la démocratie et l'innovation ? En quoi se former au logiciel libre et aux big data devient-il un acte civique ?

Une couverture du roman 1984
Crédits: Letterology, John Vallance

Dans un télescopage des dates et des symboles dont l'histoire a le secret, c'est l'année même de son avènement annoncé que Big Brother a vu naître un petit frère porteur de principes d'émancipation qui allaient contribuer à solidement armer la société contre la dystopie du contrôle : le logiciel libre. 30 ans plus tard néanmoins, le monstre d'Orwell reste menaçant sous les traits réels ou imaginaires de PRISM, Matrix ou Cerclon. Et les big data, si elles donnent l'espoir d'avancées majeures, font aussi courir le risque de big dégâts. À ce titre, le logiciel libre, dans tous les domaines du numérique et en particulier celui des big data, reste un enjeu de société majeur.

Quelques (big) data du logiciel libre

En trente ans, le logiciel libre est passé du statut de curiosité à celui de pilier de l'économie du numérique. Loin d'être le « cancer » dénoncé par Steve Ballmer, directeur général de Microsoft de 2000 à 2014, « le libre », à l'instar d'un de ses succès les plus fameux, le système d'exploitation Linux, s'est avéré porteur de principes redoutablement efficaces sur le terrain de l'innovation, conduisant certaines des entreprises les plus florissantes du monde à en devenir aujourd'hui les faire-valoir pour accélérer leur croissance. « Les entreprises rivalisent de plus en plus sur le front de l'ouverture maximale de leurs technologies. » fait ainsi remarquer un journaliste de Wired au sujet de l'initiative Open Artificial Intelligence lancée par Elon Musk (Tesla Motors, SpaceX), et Sam Altman (Y Combinator) en 2015. Ainsi voit-on aujourd'hui par exemple Microsoft sponsoriser la conférence Debian, et Google publier sous licence libre son noyau de machine learning TensorFlow parmi de nombreux autres projets dont Android, qui équipe chaque jour plus d'un million de nouveaux appareils connectés. Le secteur public n'est pas en reste en France, comme le souligne Henri Verdier, à la tête de la DINSIC, ni aux États-Unis. Les principes du logiciel libre ont par ailleurs été précurseurs de l'open data, des licences Creative Commons dans le monde culturel, et de la dynamique de l'open hardware.

La prévalence du logiciel libre dans l'économie se traduit en 2016 par les faits suivants :

Quelques logiciels libres des big data

Quelques logiciels libres des big data

Parmi les nombreuses branches de l'informatique, les big data, en plus de soulever d'épineuses questions éthiques, ont la particularité de nécessiter des innovations dans toutes les strates du numérique, depuis les infrastructures matérielle et système jusqu'aux interfaces graphiques en passant par les langages et les outils de stockage et d'analyse, comme l'illustre le schéma ci-contre.

La complexité des logiciels du domaine nécessite, pour chacun d'eux, la mobilisation de communautés importantes de développeurs, de chercheurs, de fournisseurs de services, capables de continuellement faire évoluer ces systèmes dans un environnement de compétition darwinienne, ce qui suppose en premier lieu de leur assurer une viabilité économique. Un logiciel est aujourd'hui moins un produit qu'un processus continu de production, de maintenance et de mise à jour, processus social (du point de vue de l'organisation des communautés et de leur gouvernance), scientifique, technique et économique. Il se trouve que le « modèle du libre » s'est progressivement affirmé comme bien adapté aux besoins d'amélioration continue exigés par le marché. Ainsi des écosystèmes mêlant laboratoires de recherche, grands groupes, sociétés de services, administrations, programmeurs indépendants se sont-ils structurés autour des outils phares des big data.

Pour faciliter la mise en place de tels écosystèmes et la coopération entre leurs acteurs, des regroupements de projets logiciels se sont opérés ces 20 dernières années au sein d'organismes à but non lucratif dont les plus célèbres sont les fondations Apache, Linux, Eclipse, toutes trois de droit américain, et en Europe, l'association OW2, créée en 2007 à l'initiative de l'Inria, Bull et Orange. Chacun de ces organismes anime et promeut des projets dans la plupart des domaines clefs de l'IT moderne, et en particulier celui des big data. La Fondation Apache héberge de nombreux projets big data dont Hadoop, devenu en quelques années une plateforme de référence du domaine, au-dessus de laquelle se sont développés de très nombreuses solutions métiers et des services, dont récemment Warp10 dans le domaine des objets connectés, sous licence libre, à l'initiative de la société française Cityzen Data. La fondation OW2 regroupe elle aussi des logiciels big data d'envergure internationale tels que Talend, ProActive et SpagoBI (NB: l'auteur de cet article est le directeur technique d'OW2).

Plus récemment créée, l'organisation américaine à but non lucratif Bayes Impact se propose quant à elle de concevoir des logiciels libres dans le secteur des big data pour contribuer à la résolution de problèmes de société, à commencer par celui du chômage. Son fondateur franco-chinois Paul Duan déclare dans une intervention en 2015  : « pour mes parents le levier c'était de défiler sur la place Tiananmen, pour moi ce sont les algorithmes des big data », soulignant l'importance qu'ont les big data et le logiciel libre dans le nouveau squelette en silicium de nos sociétés.

Les raisons d'un succès relatif

Le succès du logiciel libre dans le secteur des big data s'explique d'abord par le succès du libre dans l'ensemble des infrastructures d'Internet, succès qui découle en premier lieu de la génèse et de l'identité d'Internet lui-même. Comme le rappelle Fred Turner, professeur en sciences de la communication à l'université de Stanford, dans son livre Aux sources de l'utopie numérique, Internet est né de la rencontre de la contre-culture américaine et de la culture militaire. La majeure partie des infrastructures clefs d'Internet – protocoles réseaux, serveurs de noms (DNS), serveurs web, bases de données – repose sur du logiciel libre, et l'influence de la contre-culture sur les grandes universités américaines qui forment les entrepreneurs de la Silicon Valley a perduré, comme l'indique Stefane Fermigier, président du Groupe thématique Logiciels libres du pôle de compétitivité System@tic, auteur du rapport Big Data et Open Source : une convergence inévitable ? (2012).

En second lieu, le modèle d'innovation du libre a prouvé sa pertinence économique. Comme le fait remarquer Simon Phipps, ex-directeur de l'Open Source Initiative, le libre permet en particulier « d'innover sans avoir à demander la permission préalable », ce qui donne lieu, sur le modèle du fork et de la composition, à des mécanismes de coopétition que de nombreux économistes jugent plus efficaces pour le progrès collectif que ceux reposant sur les brevets. De multiples manières de tirer des profits du logiciel libre se sont développées. Elles font l'objet d'études de synthèse comme celle du Groupe thématique logiciels libres du pôle Systematic Paris Region.

Enfin, les big data étant un enjeu technique et économique majeur pour les géants du Web que sont les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft), ceux-ci ont investi massivement dans la R&D des big data, ce qui a donné lieu à de nouveaux algorithmes et nouvelles méthodes de traitement, pour une partie sous licence libre.

L'ouverture ne suffit pas

Pourquoi promouvoir, et promouvoir davantage le logiciel libre dans le domaine des big data ? Parce qu'il est un moyen puissant de garantir les libertés individuelles. Dans un monde qui est contrôlé et régulé de plus en plus par du code informatique, le logiciel libre donne au citoyen la garantie de pouvoir comprendre comment les infrastructures de la cité fonctionnent, de pouvoir en analyser les règles, et de participer à leur évolution. Imagine-t-on une société démocratique dont le code civil ne serait accessible qu'à un cercle de privilégiés ?

Néanmoins, comme le font remarquer les chercheurs Daniel Le Métayer et Antoinette Rouvroy, l'ouverture ne suffit pas. Les algorithmes et les programmes des big data posent à la démocratie l'exigence d'une éducation à l'informatique, et celle du débat. Comme le faisait remarquer récemment Pierre Rosanvallon appelant à « un nouvel âge de l'émancipation », « Internet donne à l'opinion publique une forme matérielle ». Le code est ce par quoi cette matière s'érigera soit en nouveaux biens communs, soit en armes de contrôle et de manipulation s'appuyant sur les tendances générales détectables dans les big data de l'opinion à l'insu des individus. L'exigence de l'analyse critique de la finalité des algorithmes et celle de l'ouverture du code sont à cet égard une manière de peut-être protéger les hommes de devenir, « aussi bien oppresseurs qu'opprimés, le simple jouet des instruments de domination qu'ils ont fabriqués eux-mêmes », selon la formule de Simone Weil.

Références

Stéphane Laurière, directeur technique d'OW2

Texte rédigé à l'occasion de la nocturne BIGOPENDATA de l'association Pénombre en mars 2016

Jun 22 2016

OW2con'16 Appel à  Présentations, Linuxfr.org

Date article: 22 Juin 2016

Titre: Appel à présentations pour la conférence OW2con'16. 

Voir l'article (français) sur Linuxfr.org.